Patrimoine

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La légende de la Tour du Soupadou

Au temps où les Évêques de Cahors villégiaturaient en leur château d’Albas, l’un d’eux dont on taira le nom, avait à son service, non seulement des cuisiniers, mais encore des cuisinières accortes et jeunes, et bien triées dans la fine fleur des environs. Cette désinvolte façon d’enfreindre les instructions données aux prêtres sur les choix des servantes de presbytère, qui devaient avoir l’âge canonique, provoquait dans le clergé d’ironiques réflexions. Dieu sait si les curés des environs en glosaient sur le compte de leur épiscope ! 

Monseigneur goûtaient mal les railleries et les complaisants mouchards à sa solde chatouillaient désagréablement ses oreilles. Usant de son pouvoir absolu à l’égard de ses sujets, il se vengeait férocement de leur indiscrétion. Quand Monseigneur était averti que l’un d’eux, clerc ou laïc, avait osé surprendre ses intimités domestiques, il l’invitait à souper à une date bien choisie par une nuit ténébreuse. Le repas avait lieu dans la légendaire tour, dite de Soupadou, dont une étroite fenêtre dissimulait presque les mystérieuses profondeurs du gouffre surplombant la rivière Lot. Les meilleurs vins de la cave du château étaient servis sur la table du festin et l’on versait à la victime de telles rasades qu’elle finissait toujours dans un état d’’ébriété. 

A ce moment favorable, les jeunes cuisinières ligotaient le malheureux invité et, par-dessus la fenêtre, l’envoyaient pieds et poings liés dans la rivière coulant cinquante mètres en contrebas. Le cabinet où se déroulaient ces dramatiques scènes existe toujours dans la maison qu’occupent actuellement la famille Rempart. Le mot «soupadou» en patois, veut dire souper ou plus exactement souper intime. 

La légende de Tournepique

A l’une des époques les plus malheureuses de l’histoire d’Albas, en 1355, durant la fameuse Guerre de 100 ans, les Anglais envoyèrent de l’Agenais, un détachement de troupes qui devait ravager le pays. Le traite Le Noir de Lezergues, seigneur d’Orgueil, venait de leur livrer Puy-l’Evêque qu’il commandait au nom de l’évêque de Cahors, Bertrand de Cardaillac, en résidence à Albas, quand ils se décidèrent à remonter la vallée du Lot. Ils reconnurent Prayssac, prirent Castelfranc (alors appelé Castillonnet), avant d’arriver au pied de la forteresse d’Albas, propriété de l’évêque de Cahors. Ils campèrent sur la rive droite du Lot et leur chef, Sir Coffe, se logea au lieu-dit appelé depuis Circofoul. 

Le château fort d’albas surplombait la falaise au-dessus de la rivière. I| épousait le contour triangulaire d’un rocher présentant le sommet aux assaillants. Deux des côtés étaient protégés par des rocs à pic, tandis que le troisième, de la façade sud, était défendu par un large fossé appelé « Lou Pal » et de fortes murailles crénelées, flanquées de tours donnant accès à l’intérieur par des portes fortifiées. Au milieu, s’élevaient le clocher de la chapelle et le donjon plus connu de nos jours sous le nom de «Tour Grosse». Tous ces ouvrages, dont il existe encore des vestiges, formaient une forteresse redoutable. 

La petite troupe d’Anglais comptait pour réussir son expédition sur les hommes valides du pays, encadrés par force dans ses rangs. 

D’ailleurs, le chef Sir Coffe mit ces auxiliaires en première ligne et leur ordonna de passer la rivière à un gué. A la pointe du jour, le bataillon descendit du plateau de Circofoul et prit sa position de combat tandis que les auxiliaires étaient conduits au bord du Lot avec pour mission de forcer le gué et de contourner la forteresse pour l’aborder par le Pal. Témoin de ces préparatifs, la forteresse restait silencieuse. À peine l’avant-garde s’engageait-elle dans la rivière qu’une grêle de pierres, accompagnée de jets d’huile bouillante lancée par des machines soufflantes s’abattit sur elle. Les malheureux auxiliaires dans l’eau jusqu’à la ceinture, n’avançaient que fort lentement. Outre les projectiles qui les décimaient, ils risquaient d’être entraînés par le courant. Ils étaient parvenus au milieu de la rivière lorsque quelques-uns perdirent pied et s’en allèrent à la dérive. 

Cette critique situation ranima leur courage et leur patriotisme à la fois. Renonçant à donner l’assaut à l’inexpugnable forteresse de leur Evêque, les auxiliaires prirent l’héroïque parti de retourner leurs piques contre les Anglais. En colonne serrée, ils forcèrent sur le centre de la troupe de l’ennemi héréditaire et la mirent en déroute. Maîtres du terrain, ils allèrent camper dans la châtaigneraie de Galliacy. L’endroit où le centre de la troupe anglaise fut enfoncé est désigné désormais au cadastre sous le nom de «Tournepique», non loin du château du Port. 

La Maison du Pal, reflet de notre patrimoine

La Maison du Pal remonterait au XIIIè siècle : elle constituait la porte d’accès de notre village, quand celui-ci était solidement fortifié par d’épais remparts. Aussi fut-il décidé, en 2015, de la restaurer et d’en faire un haut-lieu du patrimoine. 

Aujourd’hui, c’est un petit musée en accès libre sur la partie haute de notre bourg. Une exposition permanente retrace l’histoire de notre village du Moyen-Âge jusqu’à nos jours, évoquant la période où la rivière Lot était une autoroute sur laquelle naviguaient des gabarres chargées de tonneaux de vin à destination de Bordeaux. Illuminée chaque soir, la Maison du Pal est devenue l’emblème de l’entrée d’Albas et du riche patrimoine architectural de notre commune. 

Le Jardin Toscan, un balcon sur le Lot

Créé en 2019, à l’initiative de l’association Albas Patrimoine, le Jardin Toscan se déploie sur 400 m2 en contrebas de l’ancien palais épiscopal. C’est l’un des plus beaux balcons de la vallée du Lot. 

Il a été conçu comme un lieu de repos, de méditation, dans un cadre enchanteur. C’est aussi un théâtre de verdure au sein duquel ont lieu l’été des spectacles. Agrémenté par une fontaine qui puise son eau fraîche dans la citerne de l’ancien château, ce jardin d’inspiration toscane avec ses cyprès, ses bouquets de lavande et sa végétation méditerranéenne se veut un hommage aux évêques de Cahors qui se sont succédés à Albas. Tous ont su insuffler l’esprit de la Renaissance italienne dans ce coin du Quercy à la douceur infinie.